L’ ÎLE DE MINDORO

par | Fév 12, 2018 | Philippines | 11 commentaires

Vendredi 2 février 2018, c’est le départ pour l’ île de Mindoro. On embarque sur un ferry équipé de couchettes sur le pont. Arrivés à San José, environ six heures plus tard, nous sommes surpris par la relative propreté de la ville. Sur notre guide, nous étions prévenus qu’elle était sale, bruyante et polluée. En fait, de partout, on voit des personnes qui ramassent les déchets dans les rues : les femmes portent des t-shirt roses et ceux des  hommes sont oranges .

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On se promène un peu dans les rues à la recherche d’un distributeur et on croise des regards étonnés, surpris mais amicaux. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’autres touristes ici ! Depuis qu’on est aux Philippines, on croise essentiellement des personnes adorables, souriantes et qui paraissent contentes de nous voir. Les gens s’adressent aux femmes à grands renforts de « mam » et au début, Hélène croyait qu’ils l’appelaient « maman », mais en fait, c’est l’abréviation de « madame ». Et ils s’adressent préférentiellement aux femmes ce qui m’a un peu surpris !

Samedi 3 février 2018, on se rend en tricycle au terminal, qui a été déménagé hors de la ville récemment, puis à Sablayan en van. On va au bureau du tourisme pour organiser la suite de notre périple. On rencontre Rudy, notre guide pour les deux jours suivants pour planifier notre randonnée dans le parc du mont Iglit-Baco à la rencontre du tamaraw (ou buffle nain de Mindoro) que l’on ne peut voir nulle part ailleurs dans le monde. Le parc se situe sur les terres ancestrales des populations autochtones Mangyans, habitants originels de l’île. Les Mangyans préservent un mode de vie traditionnel basé sur la chasse et l’agriculture sur brûlis. De nombreuses tribus vivent encore de manière itinérante et isolée.

Dans la soirée, de l’agitation à l’hôtel nous alerte. Que se passe t-il ? Une star locale, Xander Ford est en ville et il est même descendu dans notre établissement ! Incroyable ! Pourtant notre chambre n’est vraiment pas exceptionnelle avec son absence d’eau au robinet de la salle de bains et ses fourmis qui courent de partout…Bon, on a pris la moins chère aussi ! Et toute la nuit ou presque, Xander va chanter dans le gymnase tout près de notre fenêtre. Et comme ce n’est pas isolé, mais alors pas du tout, on entend tout ! Et on ne dort pas beaucoup !

Dimanche 4 février 2018, on se lève tôt pour être prêt à six heures. Rudy a loué un tricycle et passe nous prendre. De là, deux heures de route nous attendent. Enfin, c’est une route au départ, qui se transforme en piste à la fin. L’arrivée s’appelle « station one » où nous sommes accueilli par un singe. C’est le point de départ de notre rando de quatorze km et neuf cent mètres de dénivelé. Ce n’est pas pour nous faire peur habituellement mais la progression dans la jungle est délicate. On ruisselle rapidement tellement il fait chaud et le sentier n’en n’est pas vraiment un…En plus, avec la rosée du matin, c’est très glissant. Et Rudy marche en…tongs !!! Il faut traverser des rivières et Hélène glisse sur un rocher et se retrouve avec les deux pieds complètement immergés dans ses chaussures de rando…Avec ses blessures au pied droit, c’est pas top. En chemin Rudy nous montre un arbre creux dans lequel on peut voir plusieurs geckos. Il le surnomme d’ailleurs gecko’ s tree.

Au bout de trois heures et quart, on arrive à la « station two » où est installé un camp de rangers. Ils sont relevés au bout d’un mois et doivent monter eux même leur nourriture pour toute la durée de leur séjours ; ils complètent avec des grenouilles, des crapauds, des poissons qu’ils pèchent et ils font aussi un petit potager. Comme l’étape était annoncée en trois à quatre heures, on est pas si mal. Un autre couple arrive, des anglais, guidé par un jeune de seize ans. Bon, on ne sera pas tout seul là haut…On mange là et on se repose un peu. A un moment, les rangers s’agitent et je les vois essayer d’attraper un serpent. Hélène se rapproche d’eux et leur demande s’il est dangereux ? On ne sais pas « mam »…L’un d’entre eux finit par le capturer en le tenant à la base de la tête et au bout de la queue. Et maintenant ? Il le jette un peu plus loin ! Joli respect de la vie !! Rudy sonne le départ à treize heures et Eric, celui qui a attrapé le serpent, ouvre la marche et dégage parfois le chemin avec sa machette.

L’arrivée est un groupement de cabanes, une pour dormir, une pour faire la cuisine (sur un feu de bois) et des toilettes, le tout très sommaire mais agréable. Pour la toilette, il y a une source, plus loin, dans un bosquet de bananiers. Exotique ! On dort sur des lits qui ressemblent à ceux, superposés, qu’on peut trouver dans les refuges en France mais sans matelas. Celui du bas est un lit double et celui du dessus un lit simple .Après avoir posé nos sacs on monte une dernière colline du sommet de laquelle on est sensés observer des tamaraw. Ce buffle nain est une espèce en voie de disparition. Ces derniers sont passés de plusieurs milliers de spécimens au début du XXème siècle à moins d’une centaine en 1969 . Un comptage est réalisé tous les ans en avril. L’année dernière, ils en ont vu 409 ce qui est une belle réussite (son habitat naturel se réduit, il est victime de braconnage et les femelles vêlent une année sur 2). Mais c’est une estimation me raconte Rudy car le décompte est un peu rudimentaire : peu de temps avant, ils mettent le feu pour ne pas être gênés par les hautes herbes dans lesquelles mangent et sont cachés les Tamaraw. Ce sont des volontaires qui effectuent le comptage, ils se divisent en une dizaine de groupes et se partagent la superficie du parc. Et on voit deux jeunes, enfin, selon Rudy parce que ce sont de belles bêtes, qui sortent juste en dessous de notre poste d’observation. Ils se mettent à courir et on se rend compte qu’ils sont très véloces. Au bout de deux heures sur notre promontoire et quelques individus vus d’un peu plus loin, on redescend au refuge.Nous avons été chanceux car les tamaraw sont très craintifs.

Lundi 5 février 2018, il faut maintenant redescendre à la « station one ». La progression n’est pas très facile avec le chemin rendu super glissant par la rosée. Comme à l’allée, on admire des geckos sur un le tronc d’arbre. Arrivés en bas, il y a encore les deux heures chaotiques en tricycle qui nous attendent. On est de retour à l´hôtel en début d’après-midi et on se remet de cette belle aventure avec une bonne douche (froide bien sûr). Malheureusement, le bar juste en face de notre fenêtre fait du karaoké jusque très tard dans la nuit et on ne dormira encore pas beaucoup…

Mardi 6 février 2018, nous changeons radicalement de décors. Rudy nous emmène à la colonie pénale de Sablayan à environ 40 minutes de la ville en tricycle. La colonie pénale est constituée d’une prison centrale et de quatre sub-prison où les prisonniers sont répartis suivant leurs compétences. Nous allons dans la sub-prison de Siburan . Les prisonniers portent des T-shirt de couleurs différentes : bleus avec l’inscription « minimums » pour ceux qui sont proches de la fin de leur peine, marrons avec l’inscription « médiums » pour ceux qui sont vers la moitié de leur peine et enfin orange avec l’inscription « maximum » pour ceux qui débutent leur peine (ils sont uniquement dans la prison centrale et n’ont pas de contact avec le public). Il existe un dernier T-shirt réservé aux « minimum », le t-shirt de « trusty police » qui est obtenu pour bonne conduite,et qui signifie que son porteur peut manager les autres détenus.

Ils sont dans une zone de plusieurs hectares qu’ils cultivent eux-même. Ils font essentiellement des bananes et des haricots mongos. Ils pratiquent également de la pisciculture dans le lac de Libuao.C’est Jessie, un détenu « trusty police »qui va nous servir de guide. Il a quarante ans, a été incarcéré à seize ans et sort dans quatre ans. Bon, ok et tu as fait quoi ? Meurtre…A quatorze ans, lors d’un affrontement de gang, lui même en faisant partie, il a jeté une grenade sur les autres. Bilan : un mort et plusieurs blessés. Il nous conduit dans la forêt pour observer des oiseaux mais finalement, fait demi-tour pour nous guider plutôt vers le lac où il pense qu’on en verra plus. Tout en traversant avec difficulté des champs et des prairies aux hautes herbes, on échange avec Jessie. Bien que les prisonniers soient « libres » et qu’ils puissent pratiquer leur culte (il y a même une mosquée), la réalité n’est pas aussi belle que voudrait nous le faire croire cette prison pilote.

Les détenus travaillent neuf heures par jour sans aucun salaire. Ce sont les gardes qui vendent les produits des cultures. Ils ont donc leur paie du gouvernement plus la recette de la vente des fruits et légumes.Les prisonniers étant des travailleurs gratuits, c’est pratique. Tout ce qui est produit est vendu. Les occupants de la prison ne mangent pas le fruit de leur labeur…En plus, les gardes qui ont leur maison sur place peuvent prendre un ou deux prisonniers pour s’occuper de la maison, des enfants, de la cuisine. Bref, ils ont du personnel de maison gratuit ! De même, les poissons sont pour…je vous le donne en mille…les gardes ! On ne verra pas beaucoup d’oiseaux mais on aura eu un bel échange avec cet homme. Inutile de vous préciser qu’il n’a jamais rien dit à l’administration à qui il est préférable de dire que tout va bien.

Et au fait, à travailler dehors comme ça, sans aucune sécurité ça ne crée pas des envies de fuite ? Il faut savoir qu’en cas de fuite, les gardes ont le droit de tirer et qu’il n’y a aucune enquête ou justification à donner. Même si le fuyard est à genoux, les mains derrière la tête, ils ont le droit de le tuer…C’est dissuasif ! Le lac dans lequel ils élèvent les poissons est couvert de lotus rouge fushia.

L’après-midi, nous partons sur Pandan Island qui se situe à une vingtaine de minutes en bangka de Sablayan. On a décidé d’y passer deux jours et on dort dans une chambre économique sans salle de bain mais on est carrément sur la plage. L’endroit est superbe et l’hôtel, tenu par un français, a su respecter l’environnement. Il n’y a pas ou presque de béton et le lieu est un véritable paradis pour se reposer. Par contre il affiche souvent complet car c’est une destination de prédilection des touristes. On rencontre des français dont une fille qui fait aussi un tour du monde et qui est là pour des vacances d’une semaine pendant son voyage. Comme on peut faire du snorkeling, on y va tout de suite. A la réception, on nous a indiqué deux zones, une avec des tortues et une avec des coraux et des poissons. On commence par les tortues. Mais ce jour là l’océan est bien agité et du coup l’eau est très trouble. On ne voit pas nos pieds…En plus le courant nous entraîne rapidement et on sort sans rien avoir vu. L’autre zone étant plus abritée, elle est moins agitée. Par contre, même si on voit quelques beaux coraux et poissons, c’est loin d’être à la hauteur de ce qu’on a déjà vu à Coron ou Port Barton ! Qu’à cela ne tienne, on se repose sur la plage de rêve. Le soir, le coucher du soleil est spectaculaire et nous ne sommes pas les seuls à prendre des photos.

Après un verre de vin pour Hélène et un cocktail pour moi, on va manger le repas sous forme de buffet. Tous les plats sont délicieux. Il y a des pâtes avec de la tomate et du fromage qui sont exquis ! Il y a même de la vinaigrette avec les crudités !!! Après plus de six mois sans en avoir eu, on déguste ! Le chef est un artiste et ce buffet est un vrai régal. Les capacités de nos estomacs ont du se réduire car on n’y fera pas autant honneur que beaucoup d’autres personnes mais on a réellement apprécié !

Mercredi 7 février 2018, je décide de retourner voir s’il y a des tortues pendant qu’Hélène discute avec un anglais, Denny, installé sur Mindoro depuis 8 ans et marié avec une philippine. Il lui explique qu’il veut essayer de préserver la région de San José et Sablayan de la corruption. Vaste projet…Quand à moi, je vois plusieurs énormes tortues et je passe un moment magique en compagnies de ces grandes dames qui broutent tranquillement les fonds marins. On doit se rendre aujourd’hui à Puerto Galera mais on apprend qu’il n’y a qu’un bateau par jour pour faire le trajet Abra Ilog- Puerto Galera.. Et il est à midi…Bon ben c’est râpé pour nous aujourd’hui…Après avoir emprunté les deux chemins qui traversent l’île et admiré les petites criques auxquelles ils conduisent (Wilde lagoon et Spanish Nose), on repart pour Sablayan.

Mais cette fois-ci, on prend une chambre de la gamme au-dessus. On veut dormir !! Elle fait plus du double en prix et elle est un peu plus grande et surtout, elle ne donne pas sur la rue. On entend encore le bar et ses chanteurs de karaoké mais c’est plus lointain et on passe une meilleure nuit.

Jeudi 8 février 2018, nous sommes au terminal de Sablayan à sept heures et au bateau deux heures avant son départ. Arrivés à Puerto Galera, on se rend directement à l’hôtel qu’on a réservé. Et là, surprise, il y a une piscine ! C’est super. Il est un peu en dehors de la ville et surplombe une petite baie dont on aperçoit les fonds marins entre les troncs des cocotiers. C’est vraiment un beau lieu. Et on a même un filet d’eau chaude dans la douche ! Grand luxe !

Dès que l’on a posé nos sacs, on descend avec nos masques pour faire un peu de snorkeling. Les fonds ne sont pas aussi beaux qu’on pouvait le penser. Pourtant, de superbes poissons nagent dans cet endroit dont un qu’on n’avait jamais vu. Hélène le baptise illico fanfreluche. Il est et marron avec de gros pois blancs et ses nageoires donnent l’impression d’être en soie. Il est superbe ! On va ensuite en ville pour manger et on va avoir un super échange avec trois jeunes filles qui font des sortes de pizza et qui trouvent Hélène « so pretty » ! Du coup, elles veulent savoir si on n’a pas un fils et après leur avoir montré une photo de Théo, elle veulent toutes les trois se marrier avec !

Vendredi 9 février 2018, on a carrément loué un bateau par l’intermédiaire de notre hôtel, ce qui nous permet de faire un tour privé. Le prix est le même qu’on y aille le matin seulement ou toute la journée. On commence par coral garden. À peine arrivés, nous sommes saisis par la transparence de l’eau. Les coraux et les poissons sont visibles depuis la bangka ! Quelle merveille. Le saut à l’eau est rapide et Lionel notre guide, nous propose de nous accrocher aux balanciers du bateau et il avance tout doucement pour nous faire admirer toute la superficie du lieu. On se régale, les yeux écarquillés. Puis il s’arrête et on peut nager plus tranquillement et profiter de tout ce qu’on peut. On ne sait pas où donner de la tête tellement c’est beau. Les poissons ne sont pas farouches du tout. Comme les touristes ont pris l’habitude de les nourrir avec du pain, ils viennent d’emblée chercher leur nourriture.

Mais nous n’avons pas voulu en emporter et ils se font insistants. Ils iront même jusqu’à « picorer » les pieds d’Hélène qui apprécie moyennement !! Elle verra aussi un serpent rayé blanc et noir. Elle demande à Lionel s’il est dangereux…non, il ne faut pas le toucher c’est tout. Si vous le touchez, ce sera un problème…Bon, à vrai dire, on n’en n’avait pas l’intention ! Alors qu’on se trouve dans une zone avec très peu d’eau, elle en voit un autre qui se faufile entre les rochers, énorme, et elle décide d’aller dans des eaux plus profondes ! Elle sent bien des piqûres mais comme elle ne voit rien, que ce sera certainement notre dernière séance de snorkeling et que le lieu est exceptionnel, elle reste dans l’eau. Lionel nous dit alors qu’il faut partir. Ah bon ? Pourquoi ? Ok, on peut rester, pas de problème ! J’aime mieux ça ! Un peu plus tard, on s’arrache à regret à ce bel endroit.

Lionel nous emmène voir d’autres fonds, accrochés à son bateau. Le lieu est réputés pour ces bénitiers géants. En effet ils sont gigantesques et certains font plus d’un mètre de long. De nouveaux il y a de magnifiques coraux , des poissons multicolores et on verra même une tortue qui broute paisiblement. Puis, c’est des étoiles de mer qu’on part voir, mais elles se sont déplacées vers des eaux plus profondes et on n’en verra qu’une. On mange sur cette plage, dans une petite cahute. Il est temps de rentrer, de belles images plein les yeux.

Comme on veut vendre nos masques, le gérant de l’hôtel nous fait une proposition qu’on accepte. Un peu de poids en moins. Par contre, Hélène se retrouve avec le corps couvert de boutons dus aux méduses. C’est impressionnant ! En fait, en étant accrochée au bateau, la vitesse a fait pénétré les micro-méduses de partout et par centaine. Elle prend un comprimé anti allergie mais sent parfaitement les filaments urticants encore sur sa peau. Elle dormira quand même pas trop mal…

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