BAGAN

par | Mar 23, 2018 | Myanmar | 4 commentaires

Lundi 12 mars 2018, on voyage jusqu’à Bagan, ou plutôt Nyang U pratiquement toute la journée. A l’arrivée, le mini-bus s’arrête à une check-point et chaque voyageur non birman doit s’acquitter d’un droit d’entrée de 25000 kyats pour cette zone archéologique. J’ai l’impression de me faire un peu racketter d’autant qu’Inès et Cyprien qui y sont depuis trois jours nous ont avertis que beaucoup de temples étaient inaccessibles suite aux inondations d’octobre dernier. Déjà qu’il y en avaient pas mal non autorisés car en cours de réfection… En plus, il paraîtrait que seuls 2% sont effectivement consacrés aux travaux de rénovation des temples. Le reste irait au gouvernement. Bref, même si ça ne me plaît pas, je suis ben obligé de payer. En plus, notre hôtel, l’Ever New Guest House, réservé par internet se trouve à quelques cinq kilomètres du centre et nous demande 5000 kyats à chaque trajet. Heureusement, dans le positif, on doit retrouver Inès et Cyprien au Bibo un resto qu’ils ont eu le temps d’apprécier depuis leur arrivée ici et on est super content de les retrouver une dernière fois. Ils sont accompagnés de Florian, ressortissant français lui aussi, qui partage leur hôtel. Nous passons une très bonne soirée et cette fois-ci, c’est sûr, c’est la dernière puisqu’ils partent le lendemain matin pour Mandalay et continuent ensuite leur voyage en Asie. On rentre en tuk-tuk et le conducteur semble vraiment ivre… Il rigole beaucoup, parle fort et Inès nous demande de lui envoyer un petit message car tous les trois ne sont pas tranquilles. En riant, nous arrivons à bon port !

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Mardi 13 mars 2018, on quitte notre hôtel, trop loin du centre ville et avec une connexion internet très moyenne. A l’arrivée à notre nouvel hébergement, Le Shwe Nadi Guest House, on leur dit bien qu’on veut du bon wifi. Ils nous expliquent que c’est compliqué ici et on prend une chambre qui semble avoir une assez bonne connexion. Dans l’après-midi, après avoir perdu toute connexion, on essaie de se trouver un scooter. Ici, tous les touristes se déplacent en scooter. J’en essaie un mais le test a lieu sur un bout de chemin en terre tout bosselé, en pente et je n’arrive pas à trouver mon équilibre. Hélène fera encore mieux ! En essayant le scooter, elle en percute un autre ! Bilan : le pare choc en plastique fendu et 5000 kyats de dédommagement !! Bon, ça ne fait pas quatre euros mais quand même une bonne frayeur ! Du coup, on part à la recherche de vélos, moyen plus prudent pour nous ! Et nous en trouvons avec des vitesses ce qui est indispensable pour les trajets qui nous attendent.

Mercredi 14 mars 2018, nous partons avec nos vélos qui n’ont pas de lumière (faut pas trop en demander non plus!), de nuit, avec nos frontales. Nous voulons en effet assister au lever du soleil depuis le haut d’un temple. Nos amis nous en ont indiqué un, peu connu et donc peu fréquenté, qui se situe à 7-8 km. Après la route goudronnée, il faut bifurquer sur une piste de terre qui se transforme en chemin sablonneux. L’accès est bien caché et on mettra un peu de temps à trouver ce tout petit escalier dérobé. Il faut savoir que certains temples seraient fermés également à la suite de la chute mortelle d’une jeune américaine de 20 ans en novembre dernier… Et c’est vrai qu’il vaut mieux être prudents sur ces vieilles briques ! En haut on retrouve…Florian (!), accompagné de sa chérie, Alicia, dont nous faisons la connaissance et qui est très sympa également. Assis face à l’est, nous assistons à la sortie puis la montée de l’astre solaire en même temps que le décollage de 12 montgolfières. C’est effectivement très beau de voir tous ces stupas se découper dans la brume du lever du jour avec les ballons au-dessus.

Prés de 3000 monuments ont été recensés dans cette zone archéologique de 50 kilomètres carrés. Ils ont été construits entre le Xe et XIIIe siècle mais beaucoup sont en ruine, victimes surtout des tremblements de terre dont l’un des plus violents et destructeurs a eu lieu en 1975. Des restaurations ont été entreprises dans les années 90 par le gouvernement birman mais ont été largement critiquées par les historiens ainsi qu’un terrain de golf et l’édification d’une tour d’observation. Cela a empêché l’inscription de ce site au patrimoine mondial de l’Unesco. Lorsque nous repartons, nous en profitons pour aller visiter les temples Myauk Guni Phaya, Dhamma-yan-gyi, Htilominio et le complexe monastique de Shwe Nan Yin Taw. Ce sont tous des constructions plus ou moins abîmées mais on se rend parfaitement compte de la splendeur passée. Ceux qui sont les plus gros et en meilleur état sont entourés de marchands qui vendent des souvenirs. Tout le long du chemin, on voit de multiples temples et stupas plus ou moins en ruine. On croisera même un énorme troupeau de vaches à bosse très maigres. Il faut dire qu’il n’y a pas beaucoup d’herbe à manger pour elles…Il est ensuite temps de rentrer à l’hôtel prendre notre petit déjeuner.

Restant à l’abri de la chaleur, nous ne ressortirons que le soir pour le coucher du soleil. Cette fois-ci, on va sur le temple indiqué par Florian. Il y a déjà pas mal de monde à notre arrivée et je ne pourrai même pas m’asseoir. Des gamins nous demandent de l’argent en échange de dessins de leur création, genre, celui devant lequel on s’extasie quand notre tout petit le rapporte de la maternelle…Le spectacle du coucher du soleil ne nous a pas ému autant que celui du matin même. Peut-être le monde, peut-être une lumière différente, peut-être l’absence de montgolfière ?

Jeudi 15 mars 2018, notre destination sera celle de Taung Kalat (appelé communément Mont Popa), une cheminée volcanique de 700 m et coiffée d’un monastère bouddhiste. Un couple de chilien a déjà pris place dans le taxi qui nous emmène et Hélène est ravie de pouvoir parler espagnol.

Notre chauffeur nous propose un arrêt en chemin dans une fabrique artisanale de toddy (vin de palme ) et de jaggery (sucre de palme). La sève de ce palmier est récoltée dans de petits récipients placés en dessous des inflorescences de l’arbre préalablement incisées. Pour accéder aux fleurs il faut utiliser de frêles échelles de bambous. Une fois collectée, le jus extrait, naturellement très sucré, est mis à réduire dans de grandes gamelles. La mélasse obtenue est mélangée avec du gingembre, de la noix de coco râpée ou du tamarin. En refroidissant, le mélange se solidifie et il est vendu en petit sachets au choix. Une autre partie du jus récolté est distillée après une phase de fermentation. L’alcool obtenu peut être consommé pur ou additionné de miel pour l’adoucir. Nous goûtons les deux mais ça ne nous plaît pas trop, c’est fort mais pas très parfumé…

Il y a aussi une une presse pour produire de l’huile. Les cacahuètes ou graines de sésame sont écrasées dans une meule à axe rotatif horizontal. Cette meule est activée par un bœuf que l’on fait marcher en rond pendant deux heures. L’huile obtenue est ensuite récupérée dans un petit récipient.

Nous repartons vers notre destination et sommes stupéfaits de constater que sur une portion de route, des personnes, hommes, femmes et enfants, sont postés environ tous les 50 mètres et tendent la main à notre passage. Jusqu’à présents, nous n’avions pas vu beaucoup de mendiants et tout d’un coup, la scène est vraiment frappante. Quand Hélène en parle à notre chauffeur, il semble très en colère à ce sujet. Il nous explique que ces gens ne sont pas des mendiants, qu’ils ont leur maison et leur champs et qu’ils ne sont pas là tout le temps, juste pendant les période de vacances. Mais qui leur donne de l’argent ? Des touristes ! Européens ? Non, des birmans ! Mais pourquoi ? Parce que dans la religion bouddhiste, tu dois donner à ton prochain. Et toi, tu es bouddhiste ? Oui. Et tu leur donnes ? Jamais d’argent !!! Des conseils, des livres, des choses comme ça mais jamais d’argent. Et il nous raconte pourquoi il est tellement concerné par cette attitude : l’année dernière, un enfant est mort écrasé en allant ramasser un billet sur la chaussée. Et comme pour illustrer ses propos, on voit des billets jaillir d’une camionnette et les mendiants se précipiter sur la route pour les ramasser, parfois très dangereusement !! Quand il arrive à la hauteur du véhicule qui a fini par se stationner, il s’exprime vertement en birman pour leur dire sa façon de penser… Mais la nature humaine étant ce qu’elle est, d’autres billets s’échappent au démarrage de la camionnette…

Nous arrivons finalement au pied du mont Popa, considéré comme le refuge de 37 nat officiels ou esprits. Avant de gravir ses plus de 700 marches, nous entrons dans le sanctuaire de la mère de Popa et des nat, situé juste devant les escaliers et gardé par deux grands tigres. A l’intérieur, des statues représentant certains des 37 nat sont disposées dans une galerie ainsi que quelques divinités hindoues et des nécromanciens le tout dans des couleurs très vives. On peut aussi voir Mae Wunna (reine mère de Popa) et ses deux fils Min Gyi et Min lay qui sont 3 nat très importants mais pas dans la liste des 37. Il y a aussi seigneur Kyawswa surnommé « le Nat ivre ». Perché sur un cheval, portant des bouteilles de rhum et de whisky, il est le patron des joueurs et des buveurs. C’est devenu mon nat préféré.

Ensuite nous empruntons les escaliers couverts, encadrés de deux éléphants blancs. La montée est effectivement bien raide, et il n’ y a pas moins de 777 marches à gravir. À notre passage, des hommes qui nettoient les marches nous demandent de l’argent. C’est effectivement sale, surtout à cause des singes qui ont envahi le lieu et à qui les touristes donnent à manger. Arrivés en haut, nous jouissons d’une belle vue sur la plaine de Myingyan. Une scène surprenante va encore avoir lieu sous nos yeux : vous savez que les croyants birmans donnent beaucoup d’argent dans les lieux sacrés. Un homme muni d’une sacoche a fait le ramassage des dons sous nos yeux ébahis. C’est vrai qu’il y en a tellement qu’il faut bien les collecter mais même les pèlerins se donnaient des coups de coude en le regardant. On va se promener un moment parmi les monastères, stupas et sanctuaires qui couronnent ce sommet rocheux.

Vendredi 16 mars 2018, après une nuit un peu compliquée pour Hélène qui a souffert de problèmes digestifs, nous partons, toujours en vélo (une valeur sûre!), pour old Bagan. Cette bourgade située à environ 6 km de notre hôtel, englobe le cœur du site archéologique de Bagan et de beaux temples. On se rend au temple Ananda Patho, un des plus grand, plus beau et mieux conservé avec son bel épi de maïs à 51 m de haut. Un bouddha debout de neuf mètres de haut fait face à chaque point cardinal, Celui du sud semble sourire de loin et être triste de près. Une guide francophone nous apprend qu’il est appelé « Bouddha boude » ! Dans les passages, nous faisons connaissance de deux françaises et un québecois avec qui nous discutons un bon moment. De gigantesques portes sculptées en teck ferment les salles des bouddhas. Ce temple a été endommagé par le tremblement de terre de 2016 mais reste très beau.

Nous repartons ensuite pour Tharabe gate, vestige des remparts du IXe siècle et seule porte de l’entrée du site du palais encore debout.

Puis nous nous rendons sur les berges de l’Ayeyarwady pour prendre un bateau et assister au coucher du soleil sur la rivière et les montagnes. Malheureusement, le ciel est couvert d’un plafond gris et nous avons même eu quelques gouttes en venant. Comme on a réservé la ballade, on y va mais la vue n’est vraiment pas extraordinaire. Le bateau à moteur, dans lequel nous sommes seuls, remonte doucement le fleuve face à Bagan. Cinq ou six bateaux suivent le même circuit que nous. Sur une des rives de sable fin, nous apercevons de grands parasols de papiers joliment disposés avec des torches prêtent à être allumées et au centre de tout ça, trois tables de dix personnes dressées avec classe. Des VIP vont certainement manger là ce soir ! Arrivés à un certain point, les bateaux coupent leur moteur et se laissent dériver doucement en travers de la rivière jusqu’à la rive. A défaut du paysage, nous regardons des gros bateaux de croisière qui relient Mandalay à Bagan ou qui offrent simplement des voyages d’une journée sur le fleuve. Un peu déçus par le ciel bouché, nous demandons au batelier d’écourter le retour et nous terminons avec le moteur. Dommage, ça doit être beau quand on voit le soleil !

Samedi 17 mars 2018, les sœurs propriétaires de l’hôtel nous ont proposé de nous joindre à elles ce matin à 5h30 car des moines viennent commémorer l’anniversaire de la mort de leur père. En effet, à notre arrivée et pendant une bonne demi heure, 24 moines assis, dans leur robe rouge-marron, vont réciter des mantras. Ensuite, les dames leur ont préparé un bon petit déjeuner et ils s’attablent avec appétit sur la terrasse.

Nous attendrons 7h30 pour aller déjeuner à notre tour, puis partons (toujours en vélo) pour aller visiter une fabrique d’objets laqués. La laque est obtenue par l’incision d’un arbre, le thitsi (melanorhoea) et le recueil de sa résine. Le propriétaire de la fabrique familiale nous explique le procédé ancestral du laquage de divers objets en bambou, en crin de cheval ou en teck. À l’aide d’un outil mais également en s’aidant de ses pieds, un jeune décolle des lames très fines de bambou qui vont servir à façonner les différentes pièces à laquer. Ces objets sont ensuite lissés avec une machine manuelle : pendant qu’il actionne le mécanisme de sa main droite, l’ouvrier utilise diverses sortes d’outils à longs manches pour « râper » le bambou et le rendre plus lisse. La phase de laquage peut durer de 6 à 10 mois selon la qualité du travail. Nous sommes restés stupéfaits devant le temps demandé pour ce travail ! En effet, la laque est appliquée plusieurs fois, puis poncée avec du bois fossilisé et du papier de verre dans un deuxième temps. La laque est mélangée avec de la cendre, du charbon ou de la résine selon les étapes. Des dames sculptent avec des stylets des dessins magnifiques, à main levée et sans modèle… Trois couleurs sont utilisées de façon artisanale : le rouge, le vert et le jaune. Nous sommes conduits ensuite au sous-sol où sont réalisées les différentes phases de séchage, puis au magasin où sont proposés des objets à la vente.

Après cette visite ô combien impressionnante et instructive, nous repartons déambuler parmi les temples. En vélo, on passe partout et on se retrouve dans des lieux isolés. On verra même des ouvriers des deux sexes travailler sur un stupa et s’amuser beaucoup du fait qu’on les prenne en photo !

On va ensuite voir des temples plus fréquentés comme le Gubyauknge, le Law Ka Ou Shaung. C’est en faisant tranquillement le tour du stupa de ce dernier qu’on a vu une horde de jeunes courir en criant dans notre direction. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que nous étions l’objet de leur excitation !! Ils se sont précipité sur nous, nous empoignant de façon très autoritaire et posant pour des photos. Et chacun voulait la sienne ! Le tout en riant, en criant, en trépignant !! C’était incroyable et quand ils sont partis en nous remerciant bruyamment, nous sommes restés interloqués un moment, le temps de reprendre nos esprits ! Puis nous allons voir le Patho Thatbyinnyu, le plus élevé de Bagan et construit en 1144. Nos vélos nous ramènent vers un temple qu’on a déjà visité, le Dhamm-yan-gyi-Patho que nous avons surnommé le temple maudit. Le roi qui l’a fait construire, despotique, exigeait des ouvriers que les briques, assemblées sans mortier, ne laissent pas passer une épingle. Si ce n’était pas le cas, il coupait purement et simplement le bras du fautif…et des saillies sur des pierres de la porte ouest seraient l’emplacement des amputations. Mais nous avons eu beau chercher, nous n’avons rien trouvé…

Nous termineront notre excursion par le Sulamani Pathoand grand temple bien conservé avec de belles peinture murales. De tout petits écureuils courent sur sa façade, défiant les lois de la gravité.

Dimanche 18 mars 2018, je pars tout seul pour voir une dernière fois le lever du soleil sur le site de Bagan depuis le haut d’un temple. Hélène, fatiguée par deux mauvaises nuits, préfère dormir.
Le spectacle est encore splendide, les temples et stupas sortent progressivement de la pénombre et les couleurs du ciel évoluent de minute en minute, au fur et a mesure que le soleil apparaît. J’aperçois au loin les montgolfières qui décollent puis elles s’élèvent au dessus des temples, et certaines passent juste au dessus de nous (on attend même les occupants qui nous saluent).Car si je suis parti seul, il y avait beaucoup de monde à destination, notamment avec un bus entier de touristes asiatiques.

De retour à l’hôtel, on va profiter au maximum de notre chambre puisqu’on doit la rendre à 11h30 et que notre bus de nuit est à 20h. On repart vers midi sur nos vélos pour aller voir la pagode Shwezigon et son beau stupa doré. Dans un bâtiment jaune, les 37 nat sont représentés mais en beaucoup moins joli qu’au mont Popa et on passe rapidement. Sur la face nord du socle du stupa, un récipient rectangulaire en pierre permettait aux têtes couronnées d’admirer le reflet du thi sans risquer de faire tomber leur couronne en arrière. Après l’inévitable séance photo à laquelle nous nous soumettons avec plaisir, nous nous rendons dans le monastère Kyan Sit Thar Umin construit entre le XIe et le XIIIe siècle. Ce temple caverne, construit dans une paroi rocheuse, abrite des fresques vieilles de plus de 700 ans. On retourne ensuite à notre hôtel où l’on prend une douche grâce à la gentillesse des gérantes.

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